« Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est con, on est con.
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père,
Quand on est con, on est con.
Entre vous, plus de controverses,
Cons caducs ou cons débutants,
Petits cons d’la dernière averse,
Vieux cons des neiges d’antan. »

Georges Brassens
Illustrateur: Mahi Grand
NON AUX JEUNES
Depuis trente ans, la jeunesse, c'est dire la frange la plus totalement parasitaire de la population, bénéficie sous nos climats d'une dévotion frileuse qui confine à la bigoterie. Malheur à celui qui n'a rien fait pour les jeunes, c'est le péché suprême, et la marque satanique de la pédophobie est sur lui. (…)
J'entends déjà les commentaires de l'adolescento-philie de bonne mise:
"Tu dis ça parce que tu es en colère. En réalité, ta propre jeunesse est morte, et tu jalouses la leur, qui vit, qui vibre et qui a les abdominaux plats." (…)
Je m'insurge. J'affirme que je haïssais plus encore la jeunesse quand j'étais jeune moi-même. J'ai plus vomi la période Yéyé analphabète de mes vingt ans que je ne conchie vos années lamentables de rock abâtardi.
La jeunesse, toutes les jeunesses, sont le temps kafkaïen où la larve humiliée, couchée sur le dos, n'a pas plus de raison de ramener sa fraise que de chances de se remettre toute seule sur ses pattes.
Autant que la vôtre, je renie la mienne.
L'humanité est un cafard. La jeunesse est son ver blanc.
Autant que la vôtre, je renie la mienne, depuis que je l’ai vu s’échouer dans la bouffonnerie soixante-huitarde où de crapoteux universitaires grisonnants, au péril de leur prostate, grimpaient sur des estrades à théâtreux pour singer les pitreries maoïstes de leurs élèves, dont les plus impétueux sont maintenant chef de choucroute à Carrefour.
Mais vous, jeunes frais du jour, qui ne rêvez plus que de fric, de carrière et de retraite anticipée, reconnaissez au moins à ces pisseux d’hier le mérite d’avoir eu la générosité de croire à des lendemains chevaleresques sur d’irrésistibles chevaux sauvages.

Chroniques de la haine ordinaire
PETIT RIGOLO DESPROGES S'EXPLIQUE
Je retaperais bien un petit coup sur les jeunes. D’abord parce que je les hais vraiment. A part les aristocrates libertaires qui pensent plus haut que le SMIG…
« Les jeunes ne sont que ce que les vieux cons en font, me dit un jeune auditeur nîmois, avec un certain aplomb et deux « s » à tolérance.

(…) Il se dessine de façon tangible, dans la génération qui monte, une espèce d’ambition glacée d’arriver par le fric et un mépris cynique de tous les idéaux assez peu compatible avec l’idée qu’on se fait de la jeunesse éternelle génératrice de fougues irréfléchies et de colères gratuites. Très symptomatique de cette espèce de cynisme puceau qui semble avoir eu raison des salubres révoltes pubertaires de naguère, cette lettre d’un jeune parisien de 19 ans qui saura sans peine conserver la tête froide tant est glacée son ambition :

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Chroniques de la haine ordinaire

(…) « C’est de mon vieillissement dont je parle, j’attaque les jeunes, mais je me mets dans la position du type vieillissant qui s’aperçoit qu’il n’aime plus les jeunes… Quand je trouve que les jeunes sont souvent de jeunes imbéciles, j’en demande un peu pardon aux jeunes, parce je me demande si ce n’est pas moi qui vieillis, donc c’est moins violent que ce qu’on peut croire…
Cela dit, c’est vrai, c’est mon côté vieux con, mais je le revendique, je suis assez désolé quand je vois que les gens de 18 ans sont d’une inculture à faire peur, je n’ai pas honte de le dire, ça m’ennuie que les gens ne sachent pas, ne sachent qui sont Giono, de Gaulle ou Verdun… Ils n’en ont jamais entendu parler, ils ne savent si ce sont des stations de métro ou des marques de boissons fraîches, et ça m’agace un peu… Je vais vous dire une phrase qui va prouver que je suis vieux : de mon temps on apprenait des choses et l’on s’en servait… »

Quotidien Pluriel
une émission de Jacques Chancel
Le 19 décembre 1983
Tribune d’Hélène Desproges
Je n’ai jamais voulu apparaître directement, mais certaines de vos lettres me forcent à m’impliquer et à vous expliquer le pourquoi et le comment de ce site… Lire la suite

Les bons conseils du Professeur Canevet :
Peut-on reproduire librement un texte de Pierre Desproges ?

Pour commencer, un petit cours de droit. Toute création de l'esprit (un texte, une image, une musique) appartient à son auteur, et ceci dès sa création. Une lettre adressée à votre percepteur ou le gribouillis que vous faites en téléphonant sont donc des oeuvres d'art (si, si), et sont protégées comme telles...
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Droit & Internet - http://www.canevet.com

Dernière Mise à Jour: le 27 Avril 2001
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LE MOIS PROCHAIN:
MON DIEU COMME LE TEMPS PASSE...




Marie-Ange Guillaume


Desproges Portrait
Aux éditions du Seuil

Tracer le portrait d’un électron libre n’est pas une sinécure. Chaque fois qu’on le range dans une case, il s’agite pour en sortir. Il est marrant mais il ne fait pas partie de la grande famille des comiques. ( Cette seule idée le glaçait.) Il n’est pas de droite, ni de gauche, ni spécialement limousin. Athée, il est désolé de l’être. Désespéré, il connaît des bonheurs foudroyants. Brutal, il manie les délicatesses les plus raffinées. Bon vivant, il se ronge d’angoisse. Violemment ému par la moindre trace d’humanité chez ses congénères, il est misanthrope – il trouve ça inconfortable, d’ailleurs. Fidèle jusqu’à la tombe en amitié vraie, il s’offre parfois des passions ravageuses pour des gens qui le navrent assez rapidement – il les oublie avec désinvolture, ce qui plonge ces gens-là dans la frustration. C’est un teigneux très tendre, un sagouin extrêmement courtois, un méchant d’une gentillesse rare…

Direction artistique: Jean-Marie Le Rouzic Direction technique: Marc Tayar Direction éditoriale: Hélène Desproges