« Pépère », me suis-je dit l’autre jour, « il serait temps pour toi de subir un check-up médical qui te permettra d’évaluer les progrès de ta décrépitude et d’en ralentir peut-être les cruels effets pour repousser éventuellement à une date ultérieure l’échéance inéluctable de ta fin grabataire où, entouré de tous les tiens et pissant sous toi, tu auras enfin cessé d’appréhender l’holocauste atomique, le cancer du poumon, et la pénurie de cassettes VHS dans les Yvelines.
Vivons heureux en attendant la mort
Adieu l’âge vert. Je suis dans l’âge mûr.
J’ai des raideurs. Dans le dos. Surtout dans le dos. Seulement dans le dos.
Et des aigreurs stomacales.
Ma réflexion philosophique m’éloigne de jour en jour de la pensée de James Dean, en même temps qu’elle me rapproche de plus en plus de celle du général de Gaulle.
Vivons heureux en attendant la mort
Comme le disait le général de Gaulle peu de temps avant de couler : « la vieillesse est un naufrage ». Et nous sommes tous sur le même bateau, mes frères. Et nous voguons insouciants, jusqu’au jour où le miroir nous renvoie les premiers signes avant-coureurs de la dégradation du temps.
Manuel de savoir vivre à l’usage des rustres et des malpolis
Le but de l’homme moderne sur cette terre est à l’évidence de s’agiter sans réfléchir dans tous les sens, afin de pouvoir dire fièrement, à l’heure de sa mort : « Je n’ai pas perdu mon temps. »
La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède
O arrêter le temps ! Repousser à jamais l’heure inéluctable du tombeau ! Mais non, hélas, la camarde ricane et nous guette sans hâte, tandis que sournoisement d’heure en heure nous ne cessons de nous flétrir, de nous racornir, de nous friper, de nous tasser lentement mais sûrement jusqu’au stade ultime où les microbes infâmes nous jailliront des entrailles pour nous liquéfier les chairs et nous réduire à l’état d’engrais naturel.
Vivons heureux en attendant la mort
On peut difficilement s’empêcher de penser que si Napoléon avait vécu quatre-vingt-dix ans de plus il aurait très bien connu Louis Armstrong.
La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède
Tout dans la vie est une affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin.
Textes de scène
Une remarquable imbécile cogna l’autre jour à mon huis (…) quand ma fille cadette, qui va sur ses six ans sans s’arrêter de courir après les indiens, lui déboula dans l’entrejambe à la suite d’une fausse manœuvre de son vaisseau spatial…

- Hi, hi,hi comme elle est mignonne ! …
Et à moi :
- Alala qu’est-ce qu’elle a grandi depuis la rentrée !
- Mais non » lui dis-je. « Mais non, elle n’a pas grandi. Elle a vieilli. Elle est de plus en plus vieille. Elle a perdu ses premières dents. D’accord elles vont repousser, mais après ? Fini….
Vivons heureux en attendant la mort
Les centenaires ne sont pas tous des hypocrites. Ainsi, M. Leo Ledwidge, de Portland, qui va sur ses 106 ans, a-t-il répondu à l’original qui lui demandait le secret de sa longévité : « Je cours après les filles dans les bois. C’est bon pour le cœur. »
Le Petit Reporter