L’héroïsme est la seule façon de devenir célèbre quand on n’a pas de talent.
Chroniques de la haine ordinaire : Curriculum (inédit)
Le martyre est la seule façon de devenir célèbre quand on n’a pas de talent.
Réquisitoire contre Jean Dutourd
- Ça vous plairait de figurer dans le dictionnaire ?
- Ça ne me déplairait pas. Ceci dit, Je viens de refuser d’être dans le «who's who» (sourit l’ironique qui dit aimer que ça se sache !) J’ai refusé car en en-tête du formulaire d’accord qu’on vous demande de remplir, il était spécifié que les gens qui étaient sélectionnés avaient « contribué par leur talent ou leur travail au rayonnement de la France ». J’ai tout fait, mais jamais rayonner. J’ai déjà du mal à rayonner chez moi !
Libre Belgique
Claire Diez, 21 janvier 1988
« Je préfère vivre en harmonie avec ma « dignité », pour employer un grand mot, et refuser le confort du compromis même pour l’argent, même pour la gloire. »
Télé Moustique, Bruxelles
René Quinson, avril 1983
(…) Le personnage public se doit de rester humble et lucide face au légitime engouement dont il est l'objet.La première fois que j'ai sorti mon museau de devant la télé pour le mettre dedans, (…) Jacques Martin me voyant un jour ronronner de vanité nouvelle au milieu d'une brassée de téléspectateurs à stylos brandis, me fit une remarque que je n'ai jamais oubliée et qui me revient en mémoire chaque fois qu'un quidam enthousiaste me phagocyte les baskets, m'imposant ainsi à l'esprit l'idée saugrenue que je ne suis pas de la merde.- Vois-tu, (…) mon cher Pierre, il est important que tu saches que le nombre de gens qui te voient en une seule soirée est à peu près trente fois supérieur au nombre total des gens qui ont vu Louis Jouvet pendant toute sa carrière.Il est de fait que si chaque nouveau starillon ululeur de rock départemental, si chaque nouvelle célébritouille microphonique, si chaque détenteur de sourire de lavabo pour grabataires finissants méditait un instant cette remarque pleine de bons sens, combien de têtes de cul poudrées resteraient sur leur commode avec humilité, plutôt que de s'élever jusqu'à hauteur d'écran pour nous infliger les rots convulsifs de leurs malaises gastriques à l'heure apaisante des digestions assises.
Chroniques de la haine ordinaire : La gloire
C’est totalement absurde les rappels .
Enfin, écoutez, dans la vie normale, dans la vie courante, quand un type a fini son boulot, qu’est-ce qu’il fait ? Il dit au revoir, et il s’en va. Voilà. Il ne revient pas : enfin, on n’imagine pas un plombier, par exemple, re-sonnant à la porte, après avoir réparé une fuite, juste pour refiler un petit coup de clé de douze.
Accents toniques Théâtre Fontaine
Il y a bien un truc qui m’a rendu célèbre, un peu, mais dans ma famille, surtout. C’est-à-dire que j’ai un petit talent d’imitateur. Enfin, je n’imite que les gens de ma famille, et quand on ne connaît pas les gens de ma famille, c’est pas tellement drôle.
Ah si, y a un truc assez marrant que je peux faire, je peux vous imiter mon père qui a un cancer de la gorge, si vous voulez, mais je vous préviens, en général, ça ne fait marrer que mes gosses. Si vous insistez, je vous le fais. Vous insistez ? Oui. Bon.
Alors, c’est mon père, qui a un cancer de la gorge et il parle à ma mère :
« Maman… je voudrais… des gauloises… sans filtre. »
C’est rigolo, mais c’est pas évident, d’imiter l’accent cancéreux… surtout quand on n’a pas de cancer. J’ai pas d’cancè-re, j’ai pas d’cancè-re…
Accents toniques Théâtre Fontaine
Avant de quitter cette scène de théâtre, qui est mon lieu de travail, et où, grâce à votre chaleur et à votre amitié, j’ai la chance de pouvoir gagner ma vie honorablement, je voudrais simplement que nous ayons une pensée, une courte pensée, pour ceux de mes camarades du spectacle – je vous en prie -, je ne vous demande pas une minute de silence, je vous demande simplement une courte pensée pour ceux de mes camarades du spectacle qui n’ont actuellement aucun travail, sous prétexte qu’ils n’ont aucun talent. Merci.
Résumé Théâtre Fontaine
Par la suite, et jusqu’à la fin du spectacle, l’auteur-interprète ne cessera d’afficher un mépris assez surprenant pour ce merveilleux métier de saltimbanque qui permet à l’homme de laisser enfin l’éblouissante créativité fantasmatique de son ego profond, trop souvent engourdi dans les méandres sournois d’un quotidien démobilisateur dont on ne saurait taire plus longtemps, l’infinie détresse – avec deux « s » également.
Résumé Théâtre Fontaine
Vous savez ce que vous êtes, tous, là ? Vous êtes des voyeurs, voilà, je l’ai dit, ça y est ! Et des voyeurs qui paient pour voir un exhibitionniste, eh bien, je vous le dis comme je le pense, c’est petit.
Que choisir ? Théâtre Fontaine