Août est vulgaire. Transparents et mous, les méduses et les banlieusards échoués s’y racornissent sur le sable dans un brouhaha glapissant de congés payés agglutinés. Août pue la frite et l’aisselle grasses. En août, le pauvre en caleçon laid, mains sur les hanches face à la mer, l’œil vide et désemparé, n’ose pas penser qu’il s’emmerde. De peur que l’omniprésence de sa femelle indélébile, de sa bouée canard grotesque et de son chien approximatif ne lui fasse douter de l’opportunité du front populaire.
Chroniques de la haine ordinaire
Autant le chant de la cigale, qui est assez voisin du cri de la mobylette, peut s’avérer exaspérant, autant la chair de cette vermine est succulente. (…) Une bonne cigale Melba, je ne dis pas.
Textes de scène
Le mois de juin est autrement gracieux. En juin, les jours sont longs et blonds comme les nubiles scandinaves aux seins mouillés qui rient dans la vague jusqu’à la minuit. En juin, au marché des pêcheurs, on ne se piétine pas encore : on flâne. Derrière le port, la tomate-cerise est pour rien à l’étalage de la maraîchine. On la croque au sel sur le sable avec une branche de basilic et un verre de vin blanc de Brem glacé.
Chroniques de la haine ordinaire
Et puis, revoici l’été, sous les platanes mouchetés de l’allée Alphonse Daudet de Fougelas en Provence, les filles à la peau brune rient en cascade, minces et tendres et nues sous la jupette. Les jours rallongent. Il n’y a pas qu’eux, dit l’obsédé de la rue Tartarin.
Textes de scène
Vivre la ville en août, vivre la mer en juin, c’est l’ultime aristocratie et la rare élégance de l’estivant hexagonal.
Chroniques de la haine ordinaire
La Provence me les gonfle autant que la Bretagne profonde. La bonhomie sucrée de tout ces gros santons mous qui puent l’anis, et génocident les coccinelles à boules de pétanque dans la gueule ça m’escagasse autant le neurone à folklore que les désespérances crépusculaires de la Paimpolaise qui guette le retour improbable de son massacreur de harengs, la coiffe en bataille et la larme au groin, au pied des bittes de fer fouettées par les embruns.
Textes de scène