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J'ai jamais su choisir . Tout dans la vie est affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin, et puis d'ici à là, de sa naissance à sa mort, l'homme est en permanence confronté à des choix.
Mais que choisir ?
Fromage ou dessert ? La bourse ou la vie ? La cigale ou la fourmi ? Le sabre ou le goupillon ? La gauche ou Mitterrand ? Eh bien, je ne sais pas.
Songez que j'avais trente-cinq ans en 1940... Eh bien, pour être franc, en 1940 j'ai longtemps hésité entre la Résistance et la collaboration.
Mais là encore, que choisir ?
Alors bien sûr, la collaboration, c'était le bon droit, la respectabilité, un prie-dieu réservé à Saint-Honoré-d'Eylau, les amitiés de Pierre Laval assurées, les indulgences de Pie XII également, et puis des places de faveur aux concerts de Tino Rossi et de Maurice Chevalier.
Oui mais dans la Résistance, c'était la vie au grand air, youkaïdi youkaïda! et on rigolait bien: boum, le train, tagadagada, le petit viaduc...
À force de tergiverser, j'avais toujours pas pris de décision le 25 août 44, quand j'ai vu des centaines de chars déboucher dans la rue de Rivoli. Une jeune inconnue s'est approchée de moi, elle était belle, blonde, au regard bleu.
- Monsieur, s'est-elle écriée en me pressant le bras avec des larmes de joie dans les yeux, votre pays est libéré monsieur!
- Pourquoi dites-vous "votre pays"?
- Oh! c'est que je ne suis pas française, je suis citoyenne helvétique, de Berne.
Elle avait en effet un assez fort accent germanique. J'ai juste eu le temps de la tondre, les FFI arrivaient. |
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Que choisir ? (Extrait)
Théâtre Fontaine
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Est-il en notre temps rien de plus odieux, de plus désespérant, de plus scandaleux que de ne pas croire en la démocratie ?
Et pourtant. Pourtant.
Moi-même quand on me demande: "Êtes-vous démocrate?", je me tâte. Attitude révélatrice, dans la mesure où, face à la gravité de ce genre de question, la décence voudrait que l'on cessât de se tâter. Un ami royaliste me faisait récemment remarquer que la démocratie était la pire des dictatures parce qu'elle est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité. Réfléchissez une seconde; ce n'est pas idiot. Pensez-y avant de reprendre inconsidérément la Bastille. (…)
Mais convenez avec moi que ce mépris constitutionnel des minorités qui caractérise les régimes démocratiques peut surprendre le penseur humaniste qui sommeille chez tout cochon régicide. (…) La démocratie, c'est la victoire de Belmondo sur Fellini. C'est aussi l'obligation, pour ceux qui n'aiment pas ça, de subir à longueur d'antenne le football et les embrassades poilues de ces cro-magnons décérébrés qu'on a vu s'éclater de rire sur le charnier de leurs supporters. (…) La démocratie, c'est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser, ou n'importe quoi d'autre qu'on puisse soupçonner d'intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s'émerveiller dès 20 heures 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d'un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire.
Cela dit, en cherchant bien, on finit par trouver au régime démocratique quelques avantages sur les seuls autres régimes qui lui font victorieusement concurrence dans le monde, ceux si semblables de la schlag en bottes noires ou du goulag rouge étoilé.
D'abord, dans l'un comme dans l'autre au lieu de vous agacer tous les soirs entre les oreilles, je fermerai ma gueule en attendant la soupe dans ma cellule aseptisée… |
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La démocratiestelle Chronique de la haine ordinaire (CD2)
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Pitié. Assez. Qu'on en finisse.
Traversant l'autre soir Paris en taxi, j'ai compté 92 affiches électorales entre le pont de l'Alma et les Buttes Chaumont. Ah! toutes ces tronches joviales, pétantes de vie, radieuses à l'idée de faire chanter nos lendemains en chemise, toute cette mâle assurance sur ces faciès quarantenaires pas encore ravagés par les premières métastases. Et ce chauffeur ventru qui puait le chien chaud et le tabac froid et qui faisait meugler sa radio de bord d'où s'échappait la cacophonie grinçante d'un débat rabâché entre un progressiste régressant et un avant gaulliste arriéré! Et ce journal qui me tombait des mains tant le poids des sondages m'assommait la raison!
Au secours!
Et je crie, en chœur avec mes amis..." Au secours la gauche et la droite reviennent!!!
Mes frères, en vérité je vous le dis, dimanche c'est d'abord le jour du Seigneur. Alors, tous ensemble, votons Jésus." (Onctueux) Le lendemain, nous nous sentirons meilleurs. Et que ferons-nous avant même d'arracher ces affiches grotesques qui défigurent nos cités, et de les remplacer par d'autres affiches pour d'autres produits à consommer?
Eh bien, c'est pas difficile. Dès le saut du lit, faites comme moi, PISSEZ... |
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Votons
Chroniques de la haine ordinaire (inédit)
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Mais vos textes ne peuvent-ils être pris à double ou à triple sens ?
« Non, mais quelquefois il n’y a pas de triple sens. Quelquefois, j’ai des comportements d’extrême droite, en tout cas de droite. Je ne supporte pas la vulgarité, la médiocrité, c’est affreux. Je ne vais plus à Roland Garros parce qu’il y a trop de monde. Je suis comme ça. (…) J’ai des amis qui sont par hasard engagés politiquement. (…) Disons que j’ai plus d’amis de sensibilité de gauche. Mais j’ai horreur de ces mots gauche, droite, je ne peux plus les supporter. » |
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Propos recueillis par Jean-Louis Berger et Gilles Brochard
N comme nouvelles (avril 87)
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La seule conscience politique que j’ai, c’est de tenir à ne pas en avoir pas du tout par lâcheté c’est parce que je n’ai jamais pu m’apercevoir que la gauche était mieux que la droite que les Rouges étaient mieux que les Noirs. |
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Les N°1 de demain
Émission d'O. de Rincquesen (Europe1)
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Les bons conseils du Professeur Canevet :
Peut-on reproduire librement un texte de Pierre Desproges ?
Pour commencer, un petit cours de droit. Toute création de l'esprit (un texte, une image, une musique) appartient à son auteur, et ceci dès sa création. Une lettre adressée à votre percepteur ou le gribouillis que vous faites en téléphonant sont donc des oeuvres d'art (si, si), et sont protégées comme telles... Lire la suite
Droit & Internet - http://www.canevet.com
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Dernière Mise à Jour : le 3 avril 2002
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Prochaine mise à jour au mois de mai...
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