"Je n'ai jamais eu de plan de carrière du tout ni même d'ambition. Je n'ai aucune ambition. Je suis trop conscient de la vanité de l'existence pour avoir un plan de carrière ou de l'ambition. Depuis que j'ai l'âge de penser au vrai but de la naissance de l'homme, la seule raison d'être sur terre, c'est de mourir. Quand on est bien conscient de ça..."
La seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doute
Entretien avec Y. Riou et Ph. Pouchain
Éditions du Seuil

Si vous voulez vraiment vider quelque chose Monsieur Allam, faites donc comme vos coreligionnaires, videz nos poubelles. On ne vous reprochera jamais dans ce cas-là votre kabylicitude berbèrophile. Vous avez déjà vu un flic demander ses papiers à un Arabe derrière une benne à ordure.
Réquisitoire contre Djamel Allam
CD1

Je n’aime pas les racistes, mais j’aime encore moins les nègres. Je voue aux mêmes flammes éternelles les nazis pratiquants et les communistes orthodoxes. Je mets dans le même panier les connards phallocrates et les connasses MLF. Je trouve que les riches puent et je sais que les pauvres sentent, que les charcutiers sont dégueulasses et les végétariens lamentables. Maudite soit la sinistre bigote grenouilleuse de bénitier qui branlotte son chapelet en chevrotant sans trêve les bondieuseries incantatoires, dérisoires de sa foi égoïste rabougrie. Mais maudit soit aussi l’anticlérical primaire demeuré qui fait crôa-crôa au passage de Mère Teresa
Réquisitoire contre François Béranger
CD2

Je vois que vous vénérez Napoléon parce que vous êtes corse ce qui constitue à mon sens la raison la plus totalement incongrue d’aimer Napoléon. Ce n’est pas parce que ma soeur est née à Boston qu’elle vénère l’étrangleur.
Réquisitoire contre José Giovanni
CD3
Traversant la chambre des enfants, je m'apprêtais machinalement à enjamber ma progéniture abrutie d'images et vautrée sur la moquette, pour éteindre le téléviseur barbitural d'où montait sans grâce le beuglement sirupeux d'un chanteur écorché vif ; quand soudain, Dieu me turlute, vous m'apparûtes. Vous m'apparûtes, Dorothée, mon amour - Vous permettez que je vous appelle mon amour. Je crus défaillir. Je sentis le fa se dérober sous mes pas, alors que normalement c'est le sol, c'est vous dire à quel point j'étais bouleversé.
Réquisitoire contre Dorothée
CD4

Je connais personnellement, de par mes humbles activités littéraires, dont je ne dirai rien d’autre pour ne pas faire de la publicité aux éditions du Seuil, je connais dis-je, dans les milieux huppés des belles lettres françaises quelques journalistes trou-du-cul-pompeux qui trou-du-cul-pompisent dans maints hebdomadaires glacés et s’esbaudissent épisodiquement à la recherche de Rabelais alors qu’ils trouvent Cavanna vulgaire.
Réquisitoire contre Cavanna
CD5 inédit

J’ai compris enfin le sens de la condition humaine. J’en ai eu la révélation ce matin-même, au réveil je me suis senti très mal, j’avais un poids sur la poitrine et un noeud dans la gorge alors que j’étais tout seul.
Réquisitoire contre Alain Moreau
CD6 inédit

La jeunesse, toutes les jeunesses sont le temps kafkaïen où la larve humiliée, couchée sur le dos, n'a pas plus de raison de ramener sa fraise que de chances de se remettre toute seule sur ses pattes.L'humanité est un cafard. La jeunesse est son ver blanc.
Non aux jeunes
CD1

J'en ai vu, dans le show-biz, ramper de si peu dignes et si peu respectables qu'ils laissaient dans leur sillage des rires de complaisance aussi visqueux que les mucosités brillantes qu'on impute aux limaces.
La cour
CD2
Les animaux sont comme des bêtes. D’où leur nom. Ne possédant pas une intelligence supérieure, ils passent leur temps à faire des bulles ou à jouer dans l’eau au lieu d’aller au bureau.
Le règne animal
CD3 inédit

J’aime bien les histoires qui finissent mal. Ce sont les plus belles car se sont celles qui ressemblent le plus à la vie.
Les canards
CD4 inédit


Théâtre Fontaine

Je pense que ce serait bien que je vous fasse part de mes dernières volontés. D’ores et déjà, j’ai décidé de faire don de mes abats à la science. S’il reste des morceaux de viande après ces prélèvements, je souhaite vivement qu’ils soient jetés dans un sac-poubelle en plastique, si possible bleu, ça me rappellera mes vacances à Corfou.
« Dernières volontés »

Vous savez ce que vous êtes tous, vous êtes des voyeurs. Et des voyeurs qui payent pour voir un exhibitionniste, je vous le dis comme je pense, c’est petit.
« Que choisir »

De tout mon coeur, de toute mon âme, de toutes mes forces, je hais les coiffeurs. Comme le pou, le coiffeur est un parasite du cheveu. Non, mais vous les avez vus, les coiffeurs Faubourg-Saint-Honoré, ou sur les Champs-Élysées, qui s’habillent en cosmonautes pour couper les cheveux des gens…
« Haute coiffure »


Théâtre Grévin

Et si je poussais une longue plainte déchirante pudiquement cachée sous la morsure cinglante de mon humour ravageur ? Encore faudrait-il que je crois en un combat… Ah bien sûr, si j’avais cette hargne mordante des artistes engagés qui osent critiquer Pinochet à moins de 10 000 km de Santiago… mais je n’ai pas ce courage. Je suis le contraire d’un artiste engagé. Je suis un artiste dégagé.
« Artiste dégagé »

Il y a autant de savants innocents dans le monde qu’il y avait de paysans persuadés d’habiter près de l’usine Olida dans les faubourgs de Buchenwald.
« Gardez sakharov »


Chaque mois, nous rajouterons des illustrations pour enrichir les thématiques déjà traitées. Et quelquefois, avec l’accord des auteurs ou des producteurs, nous associerons d’autres artistes.

Ce mois-ci, l’extrait de l’album TRIPLEX de Thomas Fersen : « Les malheurs du lion » (Chez TÔT OU TARD) nous permet d’en remettre une petite couche sur les bestioles.

« Le lion est un gros con lâche et couard. (…) La plupart du temps, le lion ne chasse pas lui-même. Il n’a pas que ça à faire. Il dort. Il laisse à sa femelle le soin de chasser à sa place, ou bien il se planque derrière elle pour ne pas prendre un mauvais coup de patte de gnou dans ses nobles couilles royales. »

Pourquoi êtes-vous toujours aussi bref ?

Je dois ça à ma nature velléitaire et papillonnante. Et puis vous comprenez, je n’ai pas que ça à faire. D’autant que pour cinq minutes de verve, je passe des heures dans les transcendances de l’écriture. C’est du travail. Il ne faut jamais oublier de considérer cet angle-là.
Propos recueillis par Sophie Fontanel
Le Matin 3 février 1986

Vous travaillez beaucoup vos textes ?

Je travaille comme un artisan. Je suis très méticuleux, soigneux, besogneux même. Je pèse chaque phrase, chaque mot et je passe des heures dans les dictionnaires. J’ai des Quillet, des Robert, des Larousse. J’aime bien les dictionnaires.
Et les textes de vos spectacles ?
Encore plus, car il y a le son, la phonie du mot.
Propos recueillis par Jean-Louis Berger et Gilles Brochard
N comme nouvelles (avril 87)


Faut-il être fou pour pratiquer le métier de faire rire ?

C’est une folie qui m’est assez naturelle : tordu, distordu mais pas complètement braque. Quand j’écris ou que je fais de la radio, ce qui doit faire marrer les gens, ce sont mes phrases très clean qui tout d’un coup tombe dans le ravin. Je suis à la fois bordélique, velléitaire et papillonnant, mais je compense ma folie en marchant dans les clous, en étant ponctuel et en collectionnant les dictionnaires.
Libération 3 février 1986

Des projets ?

Je n’en ai pas, je n’en ai jamais eu. (…) Si, la mort. (…) J’ai l’intention néanmoins d’écrire pour les autres. Je verrais bien réunis des gens comme Depardieu et d’autres.
Propos recueillis par R.Floutier
Midi libre 14 janvier 87

Peut-être un jour serais-je étudié dans les universités, à condition d’être mort. Ce qui est arrivé à des gens comme Bobby Lapointe ou Boris Vian, que l’on encense aujourd’hui après les avoir assez ignorés de leur vivant.
Propos recueillis par René Quinson
Télé Moustique ( Bruxelles) 7 avril 83























A partir du 13 novembre


l'Abrégé
Les meilleurs moments des réquisitoires, des chroniques et de la scène sur 3 CDs



Coffret Intégrale
La totalité de son oeuvre enregistrée sur 12 CD:

- 6 CD des "Réquisitoires" dont 2 CD inédits

-4 CD des "Chroniques de la haine ordinaire" dont 2 CD inédits

-2 CD de la scène.

Egalement disponibles à l'unité.

Marie-Ange Guillaume


Desproges Portrait
Aux éditions du Seuil


Les «Réquisitoires» du tribunal des flagrants délires

"Public chéri mon amour…"

(…) La première émission a lieu en septembre 1980. Pierre Perret essuie les plâtres au banc des accusés, et Luis Rego en garde un souvenir plutôt mitigé : "C'était nul. Une catastrophe. Villers m'a interrompu en cours de route parce qu'il me trouvait mauvais, et on s'est fait engueuler après. Moi, en tout cas. Pierre, je ne sais pas. Et puis, d'un seul coup, au bout d'un mois, on a appris que les auditeurs aimaient beaucoup…"

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>Novembre2001
Pierre Desproges
et l'écriture

>Octobre 2001
Quand Pierre Desproges
parle du racisme

>Septembre 2001
Quand Desproges
revendique son individualisme

>Eté 2001
Et puis voici l'été

>Juin 2001
Mon Dieu comme
le temps passe...

>Mai 2001
Quand Pierre Desproges
vilipende la jeunesse

>Avril 2001
Quand Pierre Desproges
parle de sa jeunesse

>Mars 2001
Pierre Desproges
et les Enfants

>Février 2001
Pierre Desproges
et les Bestioles

>Janvier 2001
Desproges:
Une drogue qui dure.

>Décembre 2000
C'était le lancement du site !

Les bons conseils du Professeur Canevet :
Peut-on reproduire librement un texte de Pierre Desproges ?

Pour commencer, un petit cours de droit. Toute création de l'esprit (un text e, une image, une musique) appartient à son auteur, et ceci dès sa création. Une lettre adressée à votre percepteur ou le gribouillis que vous faites en téléphonant sont donc des oeuvres d'art (si, si), et sont protégées comme telles...
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Droit & Internet - http://www.canevet.com


Dernière Mise à Jour : le 4 décembre 2001
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